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Homme d’intérieurs

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Homme d’intérieurs

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Homme d’intérieurs

Il reçoit dans son « appartement d’apparat », comme il dit. Une enfilade de salons, situés rue Royale, à deux pas de la Madeleine, où Vincent Darré joue à cache-cache. Il traverse une pièce, réapparait dans un couloir ou au coin d’une cheminée. On le perd. On le retrouve installé sur un canapé, une tasse de thé à la main. Il est comme ça. Il bouge, il virevolte. Toujours en quête d’insolite qui pourrait se planquer derrière une porte, ou d’une rencontre qui pourrait transformer une idée en projet. Sa vie est un jeu. Sans pour autant brasser du vent. Car il a ce talent de savoir observer, écouter, mêler, mélanger pour mieux créer, inventer, imaginer. Et ce n’est pas nouveau. Ça fait même une trentaine d’années que ça dure. Car Vincent Darré, fils de sociologue et neveu de l’écrivain Jorge Semprun, faisait déjà parler de lui aux belles heures du Palace. Il a connu les dîners au Privilège, les fêtes de Fabrice Emaer, les délires et délices de Patrice Calmettes… A l’époque, Vincent Darré cherche à bosser dans la mode. Etudiant au Studio Berçot, il organise son premier défilé en sacs-poubelle, justement au Palace. Place forte des nuits parisiennes, c’est dans ce QG qu’il va approcher, côtoyer, tutoyer Yves Saint Laurent, Pierre Bergé, Pierre Le-Tan, Azzedine Alaïa… C’est là aussi qu’il affine et peaufine une allure de gosse de bonne famille, toujours tiré à quatre épingles - même après une nuit blanche -, mais capable d’associer des rayures désassorties. Tout pour plaire. D’ailleurs il va travailler avec Karl Lagerfeld chez Fendi, puis chez Moschino, avant de prendre la direction artistique de la maison Ungaro.

Emaux de Longwy, dorures et bureau-salle de bains

Après la mode, c’est la déco qui l’attire. A l’orée des années 2000, il commence à dessiner objets et pièces de mobilier. Sa première coiffeuse sera pour Arielle Dombasle, amie et complice de longue date. La Maison Darré est ainsi née. Les objets qu’il chine, déniche, façonne ou collectionne sont à l’image de ses tenues vestimentaires : un joyeux mélange de styles et d’époques, qui s’accordent comme une évidence pour les uns, comme par miracle pour d’autres. Dans son « appartement d’apparat », « où tout est à vendre » précise le maître des lieux, on passe devant des émaux de Longwy, on frôle le bureau jumeau de celui de Jackie Kennedy « en hommage à la Maison Jansen », puis l’œil s’attarde sur une série de dessins signés Antonio Pippolini, un étonnant panoramique de 1815 « trouvé par terre à Drouot », ou encore des dorures travaillées par Manuela Paul-Cavallier… Au milieu de tout ça, une salle de bains - avec baignoire -, où Vincent Darré a installé son bureau : un meuble tout de rouge vêtu que l’on doit à Pierre Le-Tan. « Une mise en scène amenée à bouger au fil des semaines », confie Mélodie Vasseur, l’une des deux architectes d’intérieur qui œuvrent aux côtés de Vincent Darré. Car des objets rentrent, d’autres sortent. Un mouvement perpétuel qui crée une dynamique unique. Ici, on est loin des showrooms immaculés, aseptisés, bien ordonnés, où il est « interdit de toucher ». La Maison Darré s’affranchit de tout, tout en jouant dans la cour des grands. Concept-store d’un nouveau genre, elle se positionne entre terrain de jeux, bouillon de cultures et sites de rencontres. Elle aurait pu servir d’annexe au Palace d’autrefois.

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