La vie de Brian
« Je suis le fils de Sammy Davis Jr et Liza Minnelli, qui aurait été adopté par Joséphine Baker ! » C’est comme ça que Brian Scott Bagley se présente. Pourtant, gamin, ce natif de Baltimore rêvait de devenir maître en arts martiaux, « comme Bruce Lee ». On était loin du music-hall… Inscrit à la Baltimore school for the arts, il a d’abord étudié le théâtre, avant de se laisser tenter par la danse moderne et le ballet. Puis, direction New York et Broadway. Là, il suit des cours au sein de l’école du chorégraphe Alvin Ailey. Hasard de la vie : une amie de son coloc de l'époque le met sur la piste d’un casting intitulé A la recherche de Joséphine Baker. Le spectacle est produit par Jérôme Savary et programmé à Paris. Brian Scott Bagley est engagé comme chorégraphe. Nous sommes au milieu des années 2000. La tournée française, puis européenne du show va durer près de cinq ans.
« Comme tous les anciens scouts, je suis toujours prêt ! »
En devenant un Américain à Paris, Brian Scott Bagley découvre l’étroitesse des appartements de la capitale, les lourdeurs de l’administration française, mais aussi l’univers du burlesque. Il travaille avec Arielle Dombasle lorsqu’elle interprète Don Quichotte contre l’Ange Bleu, en 2008. Un an plus tard, il dirige la chorégraphie pour la Gentry de Paris Revue, avec Dita Von Teese, au Casino de Paris. Puis, soudain, plus grand chose. Qu’à cela ne tienne. Rien ne lui fait peur : « Comme tous les anciens scouts, je suis toujours prêt ! » Résultat : du jour au lendemain, il enfile collants, robe, talons hauts et joue non pas les Zazie, mais les Liza Minnelli… dans le métro. Il chante, il danse, il s’invente un personnage décalé, un rien déjanté, qui semble échappé d’un mix entre Cotton Club, Cabaret et Moulin Rouge. Bien sûr, il se fait repérer. Ce qui va le mener aussi bien sur la scène du Théâtre du Renard, où il est directeur artistique avec Rocco de Robien, que sur celle du Crazy Horse, en passant par les planches du Très Honoré. Aujourd’hui, c’est dans le Grand Salon de l’hôtel Nolinski que l’on peut voir Brian Scott Bagley : une fois par mois, lors d’une soirée burlesque ou en impro en solo. Une impro « maîtrisée », comme il dit : « Tout est possible, car je m’inspire de l’énergie du moment, mais en même temps tout est rythmé, cadré, minuté. » Ce qu’il aime le plus, une fois sur scène : « Etre moi-même, montrer une partie de ma vérité et créer une complicité avec le public. » La première fois qu’il a interprété Joséphine Baker sur scène, « c’était pour dépanner, en 2009 au Casino de Paris » : « On voulait l’apparition d’une Joséphine Baker. Mais faute de budget, on ne pouvait plus engager qui que ce soit. Je me suis proposé, la créatrice Mina Ly m’a confectionné une mini-jupe à partir de bananes en tissus et j’ai bluffé tout le monde. Lorsque la lumière s’est rallumée, le public était sidéré de découvrir que Joséphine était un homme ! » Le soir de la première, Jean-Paul Gaultier faisait partie des spectateurs. Il a fait savoir qu’il avait apprécié l’interprète de « la » Baker. Quand on a alors raconté l’anecdote à Brian Scott Bagley, le danseur a répondu : « C’est qui Jean-Paul Gaultier ? »