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Le plus tropézien des Parisiens

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Le plus tropézien des Parisiens

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Le plus tropézien des Parisiens

A Saint-Germain-des-Prés, Saint-Tropez n’est jamais loin. J’ai le souvenir du patron des Laines Ecossaises qui avait, en permanence, une carte postale du port de pêcheurs varois à côté de sa caisse. Rue de Montfaucon, La Tarte tropézienne a désormais sa boutique. Et puis, pour les 50 ans du Byblos, Antoine Chevanne vient de squatter la Maison de l’Amérique latine et son jardin, qu’il a transformés en annexe parisienne de l’hôtel le plus mythique de Saint-Tropez. Celui où Mick Jagger s’est marié avec Bianca en 1971… Antoine Chevanne : la première fois que je l’ai vu, c’était au Byblos, justement. A la fin du printemps 2000. Après un cursus d’éco à Dauphine, un stage d’un an au Royal Monceau - « à tous les postes : de bagagiste à assistant du directeur » -, une « summer session » à Cornell et un tour du monde des hôtels « en 15 jours », il était de retour au bercail. Car le Byblos, c’est sa « maison de famille ». Tout a commencé avec son arrière grand-père, Sylvain Floirat, originaire du Sud-Ouest : « Il roulait les r, fumait un cigarillo après le déjeuner et m’a appris à faire chabrot. » Cet homme d’affaires était de la trempe des Marcel Dassault ou Marcel Bleustein-Blanchet. Breguet aviation, Europe 1, Matra ou Hachette sont autant de noms prestigieux liés à l’épopée de l’entrepreneur périgourdin. Il a également racheté le Byblos tropézien à Prosper Gay Para en 1967. A l’époque, Bardot, Sagan, Trintignant et les autres traînaient en espadrilles usées sur ce qui était en train de devenir le port le plus jet set de la planète.

« Je n’ai pas mis les pieds aux Caves du Roy avant mes 18 ans »

D’aucuns parlent de « saga Floirat ». Normal : patrimoine et savoir-recevoir se transmettent de père en fils depuis quatre générations. A la fin des années 1990, une vague de travaux vise à faire entrer le Byblos dans le 21e siècle. « En 2001, le directeur de l’époque s’en va et mon père pense à moi pour prendre la relève », raconte Antoine Chevanne qui a 48 heures pour se décider. « J’avais 28 ans et très peu d’expérience ». Il se lance quand même dans l’aventure. D’abord en observant beaucoup, puis « en posant quelques jalons pour la suite », jusqu’à cette phrase, en 2004, du patron du Michelin : « Tu es reconnu par tes pairs. » Ça l’a rassuré, lui qui n’avait pas mis les pieds aux Caves du Roy - la boîte de nuit du Byblos - « avant mes 18 ans ». Parce qu’Antoine Chevanne n’est ni dans la frime, ni dans la flambe. Venir en hélico à Saint-Tropez ? Pas son genre. Ses lieux préférés au Byblos ? « Le patio du spa avec la fresque de Derval et Capron, les vues sur les toits tropéziens des chambres 622 et 611, la cabine du DJ des Caves et, bien sûr, la piscine. » Il enchaîne alors les anecdotes : « J’avais 15 ans, le bar se situait en étage, au-dessus de la piscine, et Aldo, le chef barman et le roi des tours de magie, avait fabriqué un plateau qu’il descendait avec une corde pour servir les clients installés au bord du bassin… Je me souviens aussi de ces deux Italiens qui ont ouvert leur baie vitrée pour jeter des dizaines de roses dans la piscine, à l’intention de deux jolies filles qui s’y baignaient… » Sur-mesure ou démesure ? Antoine Chevanne parle plutôt de « spontanéité », d’« originalité » : « Au Byblos, on est dans l’instant. » Ce qui en fait un hôtel hors du temps dans un village au double visage : « Saint-Tropez, c’est Dr Jekyll et Mr Hyde », dit-il en faisant la nuance entre la foule estivale et la période des Voiles avec les « sublimes » couchers de soleil d’octobre au Byblos. Depuis 2006, il a poursuivi la saga familiale, en prenant la direction du Groupe Floirat, qui réunit le Byblos, mais aussi La Réserve à Saint-Jean-de-Luz et Les Manoirs de Tourgéville, en Normandie. Il est loin le gamin qui rêvait de devenir pilote d’avion. « Aujourd’hui, mon plus grand luxe est celui d’avoir le choix », dit-il. Le choix de son temps, de ses priorités. Le choix aussi de préférer le mobilier de son arrière grand-père et un vieux ventilo pour son bureau parisien, plutôt que d’avoir des pièces de design vintage et la clim’ pour suivre une mode déjà démodée.

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