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L’insoumise

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L’insoumise

Elle donne ses rendez-vous « chez Paulette », au « Carrefour ». Un bistrot de la rue Monsieur Le Prince. C’est le QG parisien de cette fille de journaliste, qui a la presse dans le sang. Dès les années 1960, alors qu’elle n’a aucun diplôme en poche, Marie-Paule Pellé pousse les portes des rédactions et enchaîne les stages. A La République du Centre - « mon premier papier parlait des animaux recueillis par la SPA d’Orléans… » -, puis à l’AFP. Son job pour l’Agence France Presse ? « Je devais me rendre à l’aéroport d’Orly et interviewer les stars à leur descente de l’avion. C’est comme ça que j’ai rencontré Sophia Loren, Elsa Martinelli… et refait le monde avec William Holden. » De fil en aiguille, elle va travailler pour Elle, Marie France, Marie Claire Maison, Décoration Internationale… « Je n’ai jamais eu de plan de carrière. Je suis toujours allée là où le vent me menait », confie-t-elle. Si bien que lorsque les éditions Condé Nast l’appellent, elle est prête à traverser l’Atlantique.

« A New York, j’habitais face au parc et je ne voyageais qu’en Concorde »

Alex Liberman, figure emblématique de la direction artistique du Vogue américain - il a notamment révélé le photographe Irving Penn -, veut travailler avec elle. A la fin des années 1980, elle quitte donc Paris. Direction New York, où Liberman lui donne carte blanche au House and Garden. Elle fera aussi des piges au Vanity Fair, avant de rejoindre la rédaction du Condé Nast Traveler. D’Anna Wintour, elle ne garde qu’une anecdote : « Elle m’a appris à dire omelette baveuse en anglais… » Mais sur sa vie à Manhattan, elle est intarissable : « J’ai vécu sept années le cul dans la crème. J’habitais face au parc. J’avais un chauffeur et je ne voyageais qu’en Concorde. » Elle raconte ces souvenirs tout en plongeant les mains dans un immense sac de cuir marron, qu’elle a dessiné pour la maison Hermès et baptisé « le cabas ». Journaux, prospectus, bouquins, stylos, porte-monnaie, ses « binocles » aussi… tout se mêle et se mélange dans ce sac qu’elle appelle son « bureau ambulant ».

« Casser la baraque, il n’y a que ça qui m’intéresse »

Lorsqu’elle revient à Paris, au milieu des années 1990, « c’était comme sauter dans une piscine vide. » Parce que « la » Pellé savait d’emblée que la liberté qu’elle venait d’avoir outre-Atlantique serait difficile à retrouver en France. « Quand on fait ce que l’on veut, on le fait bien. Les Américains n’empêchent pas d’entreprendre, tant que c’est positif. Chez nous, c’est différent… » Elle parvient néanmoins à graviter entre les univers de la presse, de la déco, de la scéno. De grandes maisons lui passent commande pour une vitrine, une expo, un livre… Le couple Servan-Schreiber, Perla et Jean-Louis, l’appelle en 2007 pour créer un hors-série « luxe » de Psychologies magazine. Elle accepte de relever le défi. En quelques jours, elle forme une équipe, l’installe dans la salle de yoga des locaux du magazine, rue de Lisbonne, et part du principe que Dominique Sanda, Jacques Perrin, l’architecte Dominique Perrault ou encore Pierre Celeyron, chef d’orchestre des fêtes de l’Aga Khan et des Rothschild, sont tous « le vrai luxe ». Quant aux cousins Pascale Mussard et Pierre-Alexis Dumas, alors à la direction artistique de la maison Hermès, elle les réunit dans un même tutu blanc, avec baguette magique et - vrai - lapin qui sort d’un haut-de-forme, devant l’objectif du photographe Jean Larivière. Dix ans plus tard, cette image fait encore parler au 24 Faubourg Saint-Honoré… « Casser la baraque, il n’y a que ça qui m’intéresse », explique Pellé, l’indomptable, qui ne s’encombre pas de formules de politesse, ni d’embrassades inutiles. Elle n’est pas là-dedans. Elle n’en a pas besoin. On la prend comme elle est ou on ne la prend pas. Celle qui a encore des tonnes de projets se moque de déplaire. « Je peux vivre dans la folie du chaos, comme hier, et avec pas grand chose, comme maintenant. Je connais la vie de palace, le café servi par Jackie (Kennedy) et le buffet de la gare de Vierzon. J’ai roulé en Rolls à Manhattan et en charrette agricole à Cuba. Aujourd’hui, j’ai une Acadiane et une 2 CV : la commerciale et la limousine ».

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