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Maître d’hôtels

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Sa vie a basculé le 17 août 2009. Victime d’un accident loin de Paris, il atterrit aux urgences de Pontarlier, puis en « neuro » au CHU de Besançon. « J’ai passé une journée dans le coma », raconte Serge Thomassian, attablé dans un café voisin de la Porte Maillot, à Paris. Ce dont il se souvient ? « De mes quinze jours sous morphine ». Il se sentait tantôt « comme dans une boîte de nuit », tantôt « comme en vacances ». « J’ai failli mourir, dit-il. Voire devenir tétraplégique. Ça s’est joué à rien. Depuis, je connais la valeur du micron ». Il parle de renaissance grâce à une kiné et un drôle de corset rose qu’il a refusé : « j’en ai voulu un noir, avec des boucles chromées ». On le lui a commandé et il s’est vu tel « un guerrier de l’espace » ou encore « comme Erich von Stroheim dans La Grande Illusion ». Il est comme ça, Sergio Thomass : ça, c’était son nom « d’avant ». Quand il était agent de photographes et prince de la com’ entre Paris, Londres et New York. Dans le Concorde, on le repérait à sa valise Courrèges orange. Il osait toutes les excentricités vestimentaires et comportementales. A Manhattan, quand une fille lui demandait ce qu’il faisait dans la vie, il répondait : « french lover ». Au Gramercy, on lui tendait un trousseau de clefs, « pour que je choisisse ma suite » : époque formidable. « Je me suis bien marré », reconnaît-il. Mais lorsqu’il a senti ce qu’il appelle « le parfum de la mort », Sergio Thomass  est redevenu Serge Thomassian. Ce gosse d’origine arménienne, issu des beaux quartiers de Paris, qui a eu sa première chaine hi-fi à 15 ans.

Il a  effacé de son carnet d’adresses les défenseurs du « fond blanc créatif »

Il a alors effacé de son carnet d’adresses les « jetons faux » et autres pseudos artistes défenseurs du « fond blanc créatif ». Il a quitté son appartement parisien pour une chambre d’hôtel dans le XVIe : « je suis dans la 116. Quand elle est occupée, on la libère pour moi ». Même scénario à Bruxelles, où il a « la 41 ». Pourquoi la Belgique ? Parce que c’est là qu’en septembre 2011, il s’est offert Megadisc classics : « j’étais venu acheter un disque, je suis reparti avec le label ». Car « Sergio » est instinctif, impulsif. En 2012, alors que Zlatan Ibrahimovic vient tout juste d’arriver au PSG, Thomassian l’aperçoit en train de déjeuner seul au Costes. Il fait un signe à la serveuse et lui demande de mettre la note d’Ibra sur la sienne. « Zlatan est venu me voir pour me remercier et je lui ai répondu : welcome in Paris ! » Grand seigneur, amuseur, il se voit avant tout comme « un homme libre ». Quand il reconnait Noel Gallagher dans le Thalys, pas de carte de visite et encore moins de selfie, mais il approche le rockeur, refait le monde avec lui et lui offre sa dernière production : le « Livre pour Quatuor » révisé de Pierre Boulez, par le Quatuor Diotima. La classe. La musique classique contemporaine, c’est la nouvelle vie de cet « anar’ de droite », diplômé de Penninghen. Si bien qu’il se dit ravi quand l’un de ses quatre enfants rate son passage en deuxième année de médecine et se consacre à son groupe de rock. « La musique, c’est ma passion, conclut Thomassian. Même si rien ne remplace le chant du moteur V12 Colombo d'une Ferrari ».

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