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Mutine citadine

Portrait

Mutine citadine

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Mutine citadine

La première fois que j’ai vu ses dessins, c’était au début des années 1990 dans une galerie, rue de Médicis. Face au jardin du Luxembourg. La ville l’inspirait déjà. D’abord Paris, où Dominique Corbasson est née. Suivront Londres, Bruxelles, New York, Tokyo… « J’aime les villes, leur côté graphique, leurs couleurs. C’est une source d’inspiration inépuisable. » Citadine jusqu’au bout des ongles, même si elle s’échappe dans « sa » Bretagne - celle de Perros-Guirrec - dès qu’elle le peut, Corbasson se balade, flâne, écoute, observe. « La rue des Martyrs est remplie de boutiques qui ne servent à rien. Je fais plutôt mes courses du côté de la rue de Rochechouart », confie cette habitante du IXe arrondissement depuis un quart de siècle.

Passage chez Courrèges et voyages pour Coup de coeur

« Petite fille, je dessinais des moulins, des canards… » Passée par l’Ecole Duperré, puis l’Ensaama Olivier-de-Serres, Corbasson a « le sens des couleurs ». Ses premiers jobs : « Je vendais des dessins à des éditeurs de tissus et j’étais styliste de vêtements pour enfants. » Puis elle entre chez Courrèges. La Parisienne est dans son élément : « Je mettais en situation les créations de la maison. J’aimais l’ambiance de la mode. J’avais carte blanche pour aller dans la cave, chercher des boutons, des rubans… c’était mieux que dans un grand magasin. Je me souviens : on devait porter une blouse rose ou jaune, selon les semaines, et Courrèges appelait sa femme mademoiselle… » Une fantaisie, une légèreté qu’elle va retrouver chez Coup de cœur : « Je voyageais beaucoup ». Sa mission : chercher des idées ailleurs, loin… avec une équipe dont elle avait elle-même assuré le casting. Idéal. « J’étais salariée, mais avec une grande liberté. »

De Ropé au tablier de boucher, de Tokyo à Dinard

Le poids d’une hiérarchie, les cadres trop stricts, les bureaux climatisés, aseptisés, très peu pour elle. Corbasson ne s’épanouit qu’en zone libre. En quittant la marque Coup de cœur, elle veut se lancer en solo, « comme mes copains illustrateurs ». Elle présente son book à la rédac’ de Cosmopolitan. Son travail plaît. Elle commence à vendre ses dessins à la presse, à Habitat, aux Galeries Lafayette. Un agent japonais la repère. En 1995, ses créations recouvrent foulards, vaisselle, objets, sacs de la prestigieuse maison Ropé. Le Japon aime sa façon de croquer la vie des Parisiennes, enveloppée dans un tablier de boucher ou une blouse de dentiste pour se protéger des taches de peinture. Son trait fin, aérien, coloré, son sens inné des formes et des proportions, son passé dans la mode, tout séduit. Du Figaro Madame au Vanity Fair, en passant par la presse déco, on réclame ses illustrations. Celles-ci s’affichent jusque chez Chanel, Caspari ou l’hôtel de Crillon, le temps d’une pub ou d’une série de cartes de vœux. Avec des expos en solo ou en colo – avec son mari François Avril, mais aussi Götting, Loustal, Vuillemin… - , des bouquins, des performances en grands formats… Corbasson a désormais ses habitudes chez des galeristes installés à Paris, Bruxelles, Genève, Tokyo ou… Dinard. Mère de trois filles, la dernière a eu son bac au rattrapage et intégré Duperré « en étant sur liste d’attente ». Corbasson, fière, sourit : « on a eu chaud ! »

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