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Pris au jeu

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Pris au jeu

Ça tombe bien, le ciel est nuageux. « Je n’ai pas le droit de bronzer avant le tournage. Je joue un type en prison, qui se fait torturer… Je vais devoir raser ma barbe. Je ne vais garder que la moustache. » Blaise Pettebone s’apprête à tourner dans la série Versailles, diffusée sur Canal +. « C’est un copain qui m’a prévenu du casting. » Un casting en anglais, mais le jeune comédien est bilingue. Car né d’une mère française et d’un père américain. La première bossait dans la pub. Le second était prof de langue française à la Sorbonne. Blaise Pettebone a grandi rue Liancourt, à deux pas du cimetière du Montparnasse. Son jardin, c’était le Luxembourg. « J’accompagnais mon père qui venait jouer aux échecs. » Avec sa mère, le Luco, c’était plutôt pour le bassin et ses bateaux. Il était en CE1 à l’Alsacienne lorsqu’il a mis les pieds sur une scène de théâtre pour la première fois de sa vie. « Gamin, je voulais changer le monde… » Jusqu’au jour où sa maîtresse d’école l’initie aux répliques, dialogues, tirades, actes, spectacles, trois coups et coups de théâtre.

Rohmer, scène de trois minutes et Collectif Colette

« C’était un hasard. Si j’avais été dans un autre CE1, la maîtresse m’aurait peut-être proposé un atelier chant ou un atelier poterie. » Jeu de hasard et jeu par hasard. Rohmer aurait aimé… Son bac en poche, Blaise Pettebone intègre une hypokhâgne option théâtre. Il s’éloigne alors du Luco pour aller au lycée Blomet, dans le 15e. Puis, il rate de peu l’entrée à Sciences Po. Une khâgne ? Pas envie. Il préfère passer le concours du conservatoire du 13e arrondissement, où il est reçu. Puis, ce sera la prestigieuse Ecole supérieure d’art dramatique (Esad), pendant trois ans, avant de faire partie, en 2013, des six élus – « sur une centaine de postulants » - de l’école de la Comédie Française. Pour y rentrer ? « Il faut préparer une scène de trois minutes et passer un entretien. » Il est admis « du premier coup » et va beaucoup apprendre, durant un an, au sein de l’institution de la place Colette. Colette, du nom du collectif qu’il va créer avec ses camarades de promo et la bénédiction de Muriel Mayette, alors à la tête du Français.

Intermittence, agent, Mr Bean et Peter Sellers

Rohmer, le retour… Car le Collectif Colette décide d’adapter Pauline à la plage au théâtre. La pièce tourne à Toulouse, Alençon ou encore Figeac les 23 et 26 juillet prochains. Rohmer toujours avec Trio en mi bémol, la seule pièce écrite par le réalisateur des Nuits de la pleine lune. Cette nouvelle création du collectif sera jouée sur la scène du Théâtre de l’Opprimé, à Paris, du 29 novembre au 6 décembre 2017. Blaise Pettebone aime les planches, le jeu, monter un festival, voyager de ville en ville. « J’ai du mal à rester au même endroit », confie-t-il. Son rêve : « Investir des lieux, un peu partout… » Puis, il se moque de lui-même : « Entre devenir ministre de la Culture et avoir un Oscar, j’hésite… » Etre comédien à Paris en 2017, « c’est difficile », reconnaît-il. Si bien qu’il apprécie la rapidité avec laquelle il a obtenu l’intermittence, parce qu’il sortait du Français. D’autres sont moins bien lotis que lui : « Sur les 16 élèves de ma promo à l’Esad, 4 seulement travaillent en tant que comédiens. » Prendre un agent ? Il y pense, sans perdre de vue que « sans agent pas de boulot, mais sans boulot, pas d’agent non plus ». Il n’a pas encore 30 ans. Fan de Mr Bean et Peter Sellers, il lui arrive de flâner comme un ado dans le Luco, un bouquin de Zweig dans la poche arrière de son pantalon. Même s’il ne vit plus dans le quartier, il y a gardé quelques habitudes. Dont celle de pousser la porte de l’Alsacienne, où, à son tour, il donne des cours de théâtre.

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