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Riche en fibres

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Riche en fibres

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Riche en fibres

Lorsqu’elle était en Licence « management et productions textiles », on lui a demandé de disserter sur son vêtement préféré. Landry Ngembo a alors évoqué une robe qu’elle s’était faite elle-même. Choix singulier. Copie unique. Elle a eu la meilleure note. Je m’en souviens encore, car… je lui ai mis ce 18/20. Il y a des étudiants que l’on ne fait que croiser, le temps d’une série de cours. Et d’autres que l’on va revoir. Par hasard. Ou parce que l’on suit leur progression. C’est le cas de Landry. Je l’ai connue lorsqu’elle avait 20 ans. Je l’ai retrouvée trois années plus tard au Marcel, un café-resto situé quai de Jemmapes, à Paris. Un 10e arrondissement peuplé de bobos, dans lequel Landry se sentirait presque étrangère aujourd’hui. Et pour cause : elle y a grandi. « C’était mon collège », dit-elle en pointant du doigt le quai d’en face. « Le quartier a beaucoup changé. Je n’y vis plus. C’est devenu trop cher et j’avais besoin de place pour mon atelier. » Car, en 2016, Landry a créé sa marque, dans un appartement-atelier voisin de la Porte de Champerret. Une marque baptisée Entre Deux Paris, pour une ligne de vêtements amovibles ou modulables, grâce à un système de zip. Une façon de se démarquer avec ce label de prêt-à-porter, déjà remarqué lors du 3e festival Hypefest à la Cité de la mode et du design.

Business plan, petite main et taille 38

Styliste et modéliste de formation, après un bac Arts appliqués au lycée Maximilien-Vox, Landry a fait ses armes chez Comptoir des Cotonniers et Princesse Tam Tam. C’est en suivant une initiation à la création d’entreprise qu’elle a monté sa boîte : « C’était mon cas pratique. » Durant un an, elle a ainsi enchaîné visite au salon des entrepreneurs, cours de gestion, business plan, dossiers pour décrocher quelques financements publics, à l’instar d’une enveloppe de la Mairie de Paris « qui m’a permis de déposer ma marque ». Les banques ne la suivent pas encore. Ses trois premières collections, mises au point avec l’aide de sa mère – « c’est ma petite main ! » -, ne suffisent pas à convaincre. Pour financer Entre Deux Paris, elle accepte missions et CDD de contrôleuse qualité, notamment au sein de la maison Céline. Elle ne compte pas ses heures. S’il faut bosser le week-end, elle s’y colle. « C’est la contrepartie pour poursuivre mon projet et garder ma liberté de création. » Sa com’ ? « Sur les réseaux sociaux. » Sa première boutique ? « Elle est en ligne et repose sur de la petite série. » Quelques tailles par modèle, « sachant que le 38 se vend mieux que le 42 ». Elle teste et tâtonne encore pour limiter les stocks. Elle ajuste, s’ajuste. Elle s’adapte aux besoins de ses clientes. Quitte à faire du sur-mesure. Comme en haute couture. « Mes modèles portent le nom de mes amis », confie-t-elle en finissant un Coca, toujours au Marcel. « La robe que j’ai mise aujourd’hui ? C’est la robe… Landry ! » Landry qui ne m’appelle plus « madame », mais Anne. Landry qui a grandi.

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