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Une femme sous influence

Portrait

Une femme sous influence

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Une femme sous influence

A 15 ans, sa mère l’emmène consulter. Non pas un psy, mais une certaine Mme Irma, installée dans une roulotte garée dans une rue de Hyères. Ce que la voyante lui a dit : « je te vois comme un aigle au-dessus des gens », se souvient Yaguel Didier. « A l’époque, j’étais timide, mutique même ». Pour sortir de sa coquille, s’affranchir un brin du carcan familial -« je suis issue d’un milieu strict et chrétien : j’allais à l’église le dimanche et je priais à genoux »-, elle prend des cours de théâtre. Ses références : Brigitte Bardot et Jeanne Moreau. Parallèlement, elle fréquente des étudiants inscrits aux Beaux-Arts de Toulon et amorce une carrière dans la mode : « je créais des modèles inspirés des visions que j’avais de défilés sur des podiums »… Elle a vingt ans. Elle voit plus que les autres. Ou plutôt elle voit d’autres choses que les autres. Elle parle de flashs. « En arrivant à Paris, je suis allée chez une astrologue, raconte-t-elle. Elle m’a offert une boule de cristal et j’ai vu dedans comme on regarde une télévision ». Jusque dans les années 1970, elle garde un pied dans la mode et s’amuse à lire dans les mains de ses amis. Mais la justesse de ses visions fait vite le tour de Paris. « A un moment, j’ai dû choisir entre la mode et la voyance, métier entaché d’infamie au regard de ma famille… »

« Je suis une voyeuse patentée »

Son succès est tel, en tant que médium, qu’elle abandonne patrons, modèles, tissus, défilés. « Je dis médium, plutôt que voyante, car je ne suis pas Mme Irma ! Je dis aussi que je suis une voyeuse patentée… » Têtes couronnées, politiques, stars du show-biz, le Tout-Paris pousse la porte de chez elle. Pour la voir. Pour savoir. « On me sollicite pour trouver du réconfort, être rassuré sur l’avenir ». Dans les années 1980, d’aucuns patientent parfois jusqu’à six mois, voire un an, avant de décrocher un rendez-vous. La presse la teste : des infos sont glissées dans des enveloppes cachetées et Yaguel Didier doit les révéler. Marie-Claire Pauwels, alors à la tête du magazine Madame Figaro, la surnomme : « la star de la voyance et la voyante des stars ». Elle sourit en évoquant ce passé. L’un de ses trois chats en profite pour se balader sur son bureau. « Il faut être zen psychiquement quand on fait ce métier, reprend-elle. Il faut savoir prendre du recul aussi. Je dis toujours que je ne peux pas donner ce que je n’ai pas ». Yaguel Didier se fait philosophe. Mais sans se prendre la tête : « j’adore me faire tirer les cartes par les copines ». Car, la concernant, elle ne voit rien. Si ce n’est les prémices de son second mariage : lors d’un dîner chez Michel de Grèce, elle rencontre l’éditeur Patrick de Bourgues, qui lui inspire une vision. Elle lui annonce : « vous allez vous marier avec une femme mariée, qui a déjà un enfant, mais elle va divorcer pour vous ». Lui : « quel est son métier ? » Elle : « elle fait un drôle de métier… » Ils seront d’abord confidents, puis complices, jusqu’à un dîner de « Patounettes » -« surnom des amies de Patrick »- où le duo ne va plus se quitter. Elle va ainsi se remarier un mois après son divorce. Son mot préféré : « la bienveillance ». « Quand une personne sort d’une séance avec moi, je fais en sorte qu’elle se sente libre. Je déteste que l’on me prenne pour un gourou ». Sa définition de « la vision » : « c’est l’abolition de l’ego ».

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